Chaque année, les experts québécois sonnent l’alarme en clamant que le nombre de gens dont la langue maternelle est le français diminue dans la province (et surtout dans la métropole). Bien que ce soit vrai, c’est toujours présenté comme une catastrophe nationale qui équivaudrait à dire que les gens parlent de moins en moins français (voire de plus en plus anglais). Mais ce n’est pas aussi simple : en effet, grâce à la loi 101, les enfants des immigrants doivent, pour la quasi-totalité, fréquenter l’école en français. Donc, bien que de plus en plus de personnes viennent d’une famille dont la langue maternelle n’est pas le français (ni l’anglais, d’ailleurs), le nombre de personnes parlant français continue de croître, car les enfants sont, pour la grande majorité, éduqués en français; ils parlent français avec leurs amis et finissent souvent par travailler en français en grandissant. Marie-Claude Lortie a écrit un bel article à ce sujet. Et Alain Dubuc explique bien que le français est la langue d’usage de plus en plus de gens. Moi, je fais juste m’indigner contre ces gens qui partent en peur chaque année sans se donner la peine de comprendre la situation.
Cela dit, je trouve absolument ridicule et indéfendable la situation de gens (souvent anglophones, mais pas exclusivement) qui viennent s’installer au Québec et qui, des années plus tard (que ce soit 5 ans ou 50 ans), sont toujours incapables converser en français. Je vous donne le lien vers un article génial écrit par Émilie Dubreuil à ce sujet. Qu’on me comprenne: je ne fais pas référence aux allophones qui viennent d’arriver au Québec, ni aux touristes qui ne font que passer. Je ne fais pas non plus référence aux gens qui font un effort pour parler français, même s’ils ne maîtrisent pas la langue comme ils le voudraient. C’est vrai que le français est une langue difficile. Je suis tout à fait consciente qu’à Montréal, il est possible de passer une bonne partie de sa vie sans avoir besoin du français et même sans en entendre, selon les médias et les quartiers qu’on choisit. Et je suis vraiment fière de la diversité linguistique et culturelle de Montréal et d’autres villes du genre. Cependant, il me semble normal que quand on choisit de s’établir à un endroit où la langue officielle est le français, on apprenne le français, même s’il y a moyen de se débrouiller autrement. Cela ne veut pas dire qu’il faut nécessairement le parler à la maison si ce n’est pas notre langue maternelle, car il n’est pas ici question de nier sa propre langue ou sa culture, mais je crois qu’il faut faire un effort pour comprendre le français et se faire comprendre en français. Sinon, je trouve que c’est faire preuve d’indifférence à la culture du Québec. Voilà.
1 comment:
J'ai eu une petite discussion avec l'Ingénieur (anglophone parlant français) au sujet de mon billet. Je tiens à préciser que je trouve aussi dommage que certains Québécois francophones ne font pas d'efforts pour apprendre l'anglais, car le Canada est un pays avec deux langues officielles (et l'anglais est LA langue internationale). Cela dit, je trouve quand même plus grave le cas des Québécois anglophones qui ne veulent pas apprendre le français, qui demeure la seule langue officielle de leur province.
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